- Je bois au beau sexe des deux hémisphères.
- Et moi, je bois aux deux hémisphères du beau sexe !
Marquis de Bièvre


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mercredi 24 avril 2013

A propos des textes érotiques et du droit imprescriptible à la critique



Chacun, chacune peut écrire librement, peut, plus largement, créer librement, que ce soit une œuvre littéraire, musicale, picturale ou autre, et cela ne concerne personne d'autre que le créateur ou la créatrice. Je me contenterai toutefois de limiter mon propos au sujet qui m'intéresse tout particulièrement, la production littéraire quelle que soit sa forme, mais en visant ostensiblement les textes érotiques.
Si la production est une affaire individuelle, lorsque l'on choisit de publier, quel qu’en soit le mode de publication, elle sort de facto de la sphère privée. En publiant ses œuvres l'on fait le choix de les exposer et de s'exposer à la critique, et toutes les critiques sont recevables lorsqu'elles concernent le texte. Mais au vu des réactions à mes remarques sur certains textes, je ne peux m'empêcher quelques précisions ou mises au point.
Sur le fond, il est clair qu'une totale liberté de création existe, mais quand même, soit l'on plonge dans la fiction, science fiction, fantastique, soit l'on reste dans le réaliste et dans ce cas, il est habituellement admis que Jules César n'envoyait pas de mail, qu’Henri IV n'a pas été abattu par un sniper et que la Picardie n'est pas une terre productrice de canne à sucre.
Sur la forme, la situation est plus grave encore, entre fautes d'orthographe indignes d'un élève de primaire et que n'importe quel logiciel de traitement de texte identifierait, et fautes de syntaxe qui font que l'on se demande encore où commence et où finît  la phrase. Quant au vocabulaire, je me demande encore comment l'on peut espérer écrire avec aussi peu de mots et sans comprendre l'impact des mots, de leur choix dans une phrase.
Quoique d'aucuns pensent, pour qualifier certain rejeton d'une  famille ruinée, "franc ribaud et coquelineux" a quand même plus d'allure que "baiseur" non ?

3 commentaires:

  1. Cher ami des mots,

    "toutes les critiques sont recevables lorsqu'elles concernent le texte [publié]", précisez-vous.
    Alors il va vous falloir souffrir que je me rebèque.

    Savez-vous que «Quoique d'aucuns pensent» n'est pas, ici, le début d'une proposition introduite par une conjonction de subordination qu'on pourrait remplacer par «bien que d'aucuns pensent»? Il s'agit de «Quoi que», un pronom relatif composé introduisant une relative, qui est l'équivalent de «quelle que soit la chose que d'aucuns pensent».

    Puis-je aussi vous faire remarquer qu'en français, une énumération de termes doit voir syntaxiquement tous les termes construits de manière identique? Ainsi, il me semble que vous auriez dû écrire «soit l'on plonge dans la fiction, la science fiction (avec un tiret!) ou le fantastique,».

    Il aurait été également plus correct d'écrire au choix, en fonction de votre idée: «pour qualifier un certain rejeton» ou «pour qualifier un rejeton» ou encore «pour qualifier certains rejetons»; dans ce dernier cas, il convient d'accorder en nombre, les groupes nominaux qui suivent.

    Si vous le souhaitez, je peux repasser corriger votre ponctuation et vos constructions de phrases maladroites.

    Je ne me permettrai rien à propos de votre style.

    Emmanuelle

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  2. Même si vous ne visez ostensiblement que la production écrite érotique, ça m'énerve un peu ces critiques à l'encontre de ceux qui ne maîtrisent pas bien les règles de la parole et de l'écrit. Devraient-ils donc se résigner à ne point écrire et à se taire?
    Chacun a droit de tenir un blog, qu'il fasse des fautes d'orthographe et de syntaxe ou qu'il n'en fasse pas. Si les billets sont publics, ils ne vous sont pas pour autant imposés si les fautes vous dérangent.

    Condamner les fautes n'apporte rien à celui qui en fait si ce n'est de l'humiliation. Mieux vaudrait l'aider à y remédier. Mais là, la tâche est ardue... Comment faire sortir de la tête de l'autre le mot adéquat et la syntaxe juste qui lui conviennent à lui ?

    J'essaie d'écrire le français correctement mais il m'arrive malgré tout de faire des fautes. Vous-même faites des fautes qui peuvent insupporter. Mais ce n'est pas si important. L'essentiel est de communiquer, de partager les émotions, de (se) dire. Que chacun s'exprime quel que soit son niveau d'alphabétisation car l'écriture, la lecture et la pensée ne doivent pas être l'apanage de manieurs de mots privilégiés.
    La force d'un texte ne résulte pas de mots bien orthographiés mis bout à bout dans une syntaxe irréprochable. Je prends pour exemple la lettre de Michel Manouchian, pas celle réécrite par les faiseurs de manuels scolaires mais l'originale qu'il a écrite à sa femme avant d'être fusillé. C'est une preuve qu'on peut être un poète et un héros national sans maîtriser parfaitement l’orthographe.

    Vous avez le goût et la nostalgie de ces jolis mots que personne n'utilise plus. Je partage cette passion des mots d'emblée évocateurs d'images. D'autres pourraient trouver cet intérêt pédant.
    "Franc ribaud et coquelineux" a quand même plus d'allure que "baiseur" ? Sur le papier, oui !

    Emmanuelle

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  3. Cher Jean-Michel,

    Il est vrai qu'une seule faute peut suffire à gâcher une jolie phrase car il existe en effet un esthétisme du mot. En ce qui me concerne, je suis très fâchée contre moi-même lorsque je me rends compte a posteriori que j'ai fait une faute dans l'un de mes écrits, aussi anodins soient-ils. Et cela m'arrive, bien sûr...

    Lorsque je lis les écrits des autres, il est certain également qu'une forme mal maîtrisée amoindrit, parfois considérablement, la force du propos. Mais, il existe une « hiérarchie » dans les fautes. Du moins grave au plus gênant, ce serait pour moi : orthographe, grammaire et conjugaison, syntaxe. Pourquoi ? Parce qu'à mesure que l'on gravit cette hiérarchie, c'est le sens de ce que l'on veut dire qui s'en trouve de plus en plus altéré. Et là, je me distingue d'Emmanuelle. Certes « l'essentiel est de communiquer, de partager des émotions ». Mais pour cela, encore faut-il parler la même langue...J'ai été enseignante par le passé. Et des fautes, j'en ai lues, j'en ai entendues. Que faut-il faire dans ce cas ? Faire comme s'il n'y en avait pas, s'attacher à se concentrer sur le fond ? Et bien, non. Non, il faut être intransigeant. Non pas pour humilier mais au contraire pour libérer. Si l'on veut donner une chance à des individus, quelque soit leur âge, de s'élever dans la hiérarchie sociale, on doit, me semble-t-il, leur signifier qu'il existe une hiérarchie des mots. Que le langage est une arme de domination, que si l'on veut s'extraire de sa condition de dominés, on a pas le choix. Ne serait-ce que pour comprendre une lettre administrative, pour rédiger une lettre de motivation... Pour se dire des choses, il existe un petit objet fort utile qui s'appelle un journal intime. Pour dire les choses, il faut s'astreindre à une certaine rigueur formelle. Il existe pour cela divers outils : les correcteurs automatiques comme vous le faisiez remarquer Jean-Michel, mais aussi des dictionnaires, aujourd'hui bien souvent virtuels. Faire cet effort d'aller chercher l'orthographe d'un mot, la conjugaison d'un verbe, en vaut la chandelle.

    Pour ce qui est de la syntaxe, les choses se compliquent car les difficultés rencontrées par certaines personnes trouvent leur origine dans les premiers temps de leur socialisation. Tout le monde n'a pas en effet la chance d'avoir des parents suffisamment cultivés et capables de « reprendre » de manière systématique leurs enfants lors de la phase d'apprentissage oral d'abord puis écrit de la langue française. Or, les formes syntaxiques incorrectes résistent avec une force étonnante à la remédiation scolaire. Pourtant, le fatalisme n'a pas sa place car renoncer sur ce point c'est renoncer à se faire comprendre de l'autre. Or c'est bien ça le but de « communiquer, partager ses émotions », non ?

    Quant au style, au répertoire de vocabulaire maîtrisé et utilisé, c'est encore un autre problème, plus secondaire selon moi. Pour dire les choses, il me paraît parfois, souvent même, inutile d'aller chercher des formules alambiquées, voire inusitées. Cette démarche a deux défauts. Elle est d'abord l'empreinte d'un m'as-tu vu langagier, une forme de faire valoir en lieu et place du vouloir dire. Ensuite, les belles phrases et les bons mots peuvent paradoxalement atténuer l'effet recherché, le sens percutant que l'on souhaite donner à un propos. Autrement dit, « franc ribaud et coquelineux » est beaucoup moins évocateur pour moi que « baiseur » !

    Je n'ai pas évoqué les écrits érotiques dans ce commentaire car ils ne constituent pas une catégorie à part qui pourrait se soustraire aux conventions en vigueur en matière d'expression écrite.


    Lise

    Lise Félini

    http://universdefelini.com

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