J'aime vous lire, m'avait-elle dit, ou pour être plus précis, m'avait-elle écrit. Comment aurais-je pu résister à un tel compliment. Et nous engageâmes un échange épistolaire ou devrais-je écrire mailaire ? Toujours est-il que nous eûmes alors une conversation par claviers et écrans interposés.
Et de fil en aiguille, de mots en phrases, d'idées en délires, de pensées en propos, de formules en images, nous en arrivâmes, mais était-ce elle, était-ce moi, était-ce elle ou moi, nous en arrivâmes donc au projet d'un texte pour elle, dont elle choisirait le thème. D'aucune aurait choisi un thème simple, banal, ce ne fut bien sur pas le cas, et ce n'est pas un thème qui me revint, mais un triptyque diaboliquement tentant, le thème, les thèmes étaient "Trou… Noir… Blanc…"
Je commençai déjà à me demander comment trousser une belle formule, à défaut de trousser la belle. Mais hélas, un blanc, et j'entendis déjà les commentaires faciles, il n'y aurait qu'à écrire un exposé sur les trous noirs. Mais je dois avouer avoir vite renoncé à cette idée, trop facile !
Et finalement ce fut elle, qui quelques jours après, rajouta un quatrième aspect au triptyque initial, sans que je sache alors si c'était un ajout volontaire, elle écrivit "je suis en attente…"
Et là, enfin, les idées s'emballèrent, se bousculèrent, je tenais, enfin, mon texte, à défaut, encore une fois, de tenir la belle. Après avoir tenté de raconter, avec plus ou moins de bonheur, des rencontres à deux ou plus, des lectures solitaires de textes du bout des doigts, j'allais raconter une attente.
Une attente racontée par la belle, une attente parce que c'est là un moment délicieux où encore tout est possible, une attente parce qu’aussi elle rend possible mais non nécessaire la description de l'après-attente.
Donc, Elle est en attente…
Paris est balayé par le vent et elle doit sortir, elle a accepté ce rendez-vous avec un inconnu ou presque et cela suffit à la motiver pour affronter ce temps, elle ne sait à qui, à quoi s'attendre et c'est peut-être cela qui la motive le plus.
Pourtant, ils ont longtemps échangé tous deux, mais qu'a-t-il dit de lui, elle ne sait plus, un oubli total, un trou…
Elle part sans aucune pression, aucune appréhension. Et elle arrive en avance au rendez-vous, il lui a dit d'être à l'heure, elle aime les exigences clairement formulées, elle porte comme il a dit aimé une jupe "presque trop courte", elle est vêtue de noir, qui tranche sur le blanc de sa peau.
Elle regarde les hommes qui vont et viennent et se demande lequel est-ce…
Elle espère, les secondes s'écoulent au ralenti, et son cœur, comme son imagination s'emballe. Noir sur blanc ses désirs, ses envies, ses folies défilent dans sa tête. Les mots de l'inconnu viennent danser sous ses yeux, il avait dans ses "photos" un dessin de Varenne, tire, bien sur de "Carrés noirs sur dames blanches" Il cherchait une complice de jeux, qui s'offre à ses désirs sans n'être pour autant qu'un simple pion sur l'échiquier blanc et noir de ses désirs. Il voulait l'emmener défier l'équilibre au bord du gouffre, trou sans fond, de ses désirs…
Elle l'attend, troublée, son imagination s'est emballée, et son corps aussi.
Et soudain un "bonjour" à sa gauche. De cet instant, pourtant crucial, elle s’en souvient à peine, moment magique disparu à jamais dans les replis de sa mémoire, perdu dans un trou de l'oubli, ne surnage qu'une idée, un ressenti, d'une absolue clarté, comme inscrit noir sur blanc, ce moment fut une agréable surprise. ..
La suite, bien sûr, au bon plaisir de la belle….
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